Sur ce visuel, M. et Mme Gilbert, Président de la Fédération des Hauts-de-France, Patricia Fournier, responsable de la CMA du Valenciennois, Philippe Loy, resprésentant de la CMA du Valenciennois, Mickaël Bestelle, Directeur du Pôle Emploi de Valenciennes, Christophe Petit, président de l’U2P Hauts-de-France, Nicolas Deleau, le responsable de l’OPCO Entreprise de Proximité Hauts de France, le nouveau financeur des formations, et le responsable Hauts-de-France de la MAPA, l’assureur historique des artisans.
Le point de rendez-vous était Place du Commerce au sein de la Pâtisserie Gourmandine 2 (autre point près de la Gare SNCF) à la rencontre de M. et Mme Guilbert « Nous sommes arrivés à Valenciennes il y a 25 ans avec une reprise d’entreprise Avenue du Sénateur Girard et 4 salariés. Aujourd’hui, nous avons 2 points de fabrication et de vente sur Valenciennes avec 22 salariés. Nous avons conservé les 2 apprentis à notre arrivée, on a grossi ensemble. Par contre, nous sommes toujours à la recherche d’apprentis, nous avons 3 places disponibles pour des jeunes (ou moins jeunes en reconversion) motivés. C’est un métier de passion. Il existe un problème de détection à la base, certains jeunes ne trouvent pas de contrats d’apprentissage ou d’alternance, et les Artisans ne trouvent pas leurs futurs collaborateurs de demain », commente Philippe Guilbert.
« Nous avons une véritable relation sociale avec le signant », Stéphane Hennot
Sur l’Avenue des Dentellières, la visite s’est poursuivie chez le fleuriste Méllifera. Sur deux sites à Valenciennes, cet artisan de proximité met en exergue la solidarité. « J’ai pu déposer du muguet des commerçants alimentaires en plus des livraisons. La veille du 1er mai, je n’avais déjà plus de stock. Comparativement à mai/juin 2019, nous avons réalisé des chiffres supérieurs en 2020 », explique Stéphane Hennot.
Ce professionnel souligne le véritable rôle social de l’Artisan de proximité « je ne connais pas le nom de tous mes clients, mais beaucoup d’entre eux. Ensuite, nous pouvons apporter des services à notre clientèle ». Par contre, il commente une expérience compliquée « avec deux apprentis. Cela s’est mal passé. Par contre, une embauche en CDD est en cours avec un stagiaire actuellement dans l’entreprise. Nous avons une véritable relation sociale avec le signant ». Coté associatif, il se félicité du dynamisme de l’association de quartier « ça bouge ! ».
Au niveau des constats sur la commune, Stéphane Hennot est très satisfait « de la mise en route de la navette gratuite « Le Cordon ». Par contre, l’idée d’une Place d’Armes fermée ne me plaît pas ». Evidemment, il souligne « une circulation pénible et un stationnement difficile à Valenciennes ». Le lancement de la rénovation lourde (mais nécessaire) des boulevards Bonneveau et Saly à Valenciennes ne va pas améliorer le sujet.
« Je félicite la CMA pour son aide durant le confinement », Corinne Corbeaux
Bien sûr, les salons de coiffure furent fermés durant les 2 mois de confinement. « Ce fut un arrêt brutal. Pour les formalités administratives, je félicite la CMA (Chambre des Métiers et de l’Artisanat) pour son aide durant le confinement. Ce fut mon interlocuteur unique », explique Corinne Corbeaux, double vice-championne de France en 2001 et 2004, dont l’enseigne est située Avenue des Dentellières à Valenciennes.
Comme tous les professionnels, les précautions sanitaires inhérentes à la réouverture furent un sujet central. « Nos clients évoluent dans la plus grande sécurité sanitaire possible, désinfection, nettoyage, gel, masques etc. », précise la professionnelle. Sur l’activité économique « tout le monde voulait une coupe de cheveux en sortie de confinement. Après, l’activité s’est plus régulée. J’ai une collaboratrice et depuis février une apprentie. J’attends d’ailleurs la régularisation administrative de ce contrat d’apprentissage », indique-t-elle.
Pour Corinne Corbeaux, la problématique de son activité est « la concurrence des centres commerciaux, la problématique de parking, car beaucoup de clients ne prennent ni le tramway, ni le bus ».
« Faire plutôt que de ne rien faire », Didier Rizzo
C’est une lapalissade, mais un tissu commerçant/artisan en bonne santé passe par une relation construite avec un échange récurrent avec les élus de la commune. Pour ce nouveau mandat 2020/2026, Laurent Degallaix, maire de Valenciennes élu le 15 mars 2020, a choisi de confier le volet entreprises de proximité à deux élus, un adjoint, Didier Rizzo, chef d’entreprise par ailleurs, et une élu déléguée, Emilie Leclerc, musicienne reconnue.
« Nous sommes hyper autonomes dans nos actions même si au final, c’est le maire qui décide. Le principe avancé par le maire est de faire plutôt que de ne rien faire ! C’est un message fort vers le monde du commerce d’un maire de terrain. D’ailleurs, nous sommes une dès première ville à réagir (en complément de l’Etat) avec des mesures économiques (étendues au niveau des 2 agloo). Néanmoins, on peut constater que l’activité économique de proximité dans les grandes métropoles souffre beaucoup, les villes de province comme Valenciennes s’en sortent mieux ! », précise Didier Rizzo, également vice-président régional de la CCI en charge du commerce de proximité.
Sa collègue élue, Emilie Leclerc, en charge de la redynamisation et de l’animation s’est prise « de passion pour le commerce. J’ai envie d’agir pour la commune », déclare-t-elle. « Je me fais bousculer par Émilie et sa jeunesse », ajoute Didier Rizzo.
Evidemment, la problématique du stationnement est arrivé sur la table. L’adjoint répond sans fard : « Tout d’abord, la priorité des places de stationnement est aux clients, mais au commerçant et ses salariés. Vous avez des voitures (ventouses) dès la première heure. Chacun doit balayer devant chez lui », assène Didier Rizzo.
Ensuite, la ville lance « une piste de réflexion sur les mobilités douces. Nous sommes dans l’élaboration des fiches actions. Une ville qui fonctionne doit prendre en compte les vélos, les trottinettes, et les piétons. Ensuite, le client doit déambuler dans un espace agréable », ajoute-t-il.
Pour concrétiser ses voeux, les élus veulent une vision plus pragmatique. « Nous allons très prochainement, chaque jeudi, aller visiter rue par rue les commerçants. Nous voulons une vision rue par rue », ajoute-t-il. Effectivement, les besoins de la Place du Neuf Bourg sont différents de celle de la rue de Famars roulante.
Enfin, le programme d’Etat « Coeur de Ville » dont bénéficie la ville de Valenciennes compte tenu d’un ratio significatif de cellules vacantes va rentrer en action. En effet, la fameuse foncière issue du CRAC (dispositif ciblé de rachats des cellules vacantes) achète « ce lundi 05 octobre la première cellule commerciale, rue Vieille Poissonnerie. Outre les travaux, nous devons proposer un loyer accessible à un porteur de projet », commente Didier Rizzo.
« Il y a eu un schisme entre les dynamiques et les autres », Laurent Suin
Ensuite, la déambulation s’est dirigée chez « Suin Optique », rue de Paris, où Laurent Suin est également le Président depuis 2018 de l’association des « Boutiques de Valenciennes ». L’activité d’optique, comme tant d’autres, fut à l’arrêt total en terme d’accueil du public. Pour autant, il estime « qu’il y a eu un schisme entre les dynamiques et les autres. L’outil digital www.mescommercantsdugrandhainaut.com a permis aux commerçants/artisans utilisateurs de compenser la baisse de chiffre d’affaires. D’ailleurs, il y a un projet de développement de cet outil digital e-commerce », explique le Président de l’Union du Commerce.
Là également, le protocole sanitaire a bouleversé le chemin du client chez cet opticien. « Une extension de mon commerce, prévue pour une autre gamme de lunettes, s’est transformée en entrée pour les clients afin d’éviter tous les croisements d cela clientèle. Au niveau stérilisation, nous utilisons les mêmes outils que les dentistes très pointus sur le sujet depuis longtemps », précise Laurent Suin.
Concernant son rapport avec les visiteurs du jour « j’ai toujours eu de bonnes relations avec l’U2P, d’abord parce que je suis rattaché à la branché santé, via mon syndicat pro, et ensuite parce que Laurent Rigaud et Philippe Guilbert m’ont permis de mieux appréhender les problèmes des artisans », conclut Laurent Suin.
« Le confinement a eu un effet agréable sur ma clientèle », Sylvie Marez
Certaines activités ont tiré leur épingle jeu dans ce marasme économique nationale (baisse entre 9 et 10 points du PIB selon l’INSEE). Vous avez notamment le jardinage et bricolage, mais également de la restauration de patrimoine. « Le confinement a eu un effet agréable sur ma clientèle. Beaucoup de particuliers souhaitent restaurer leurs meubles, leurs cadres de tableau, leurs portes… », commente Sylvie Marez, de l’atelier du doreur rue de Famars à Valenciennes.
Spécialisée dans la dorure, elle officie depuis 20 ans dans ce métier sans diplôme proprement dit « puisqu’il n’existe pas. J’ai tout de même une reconnaissance d’Artisan d’Art », indique-t-elle.
En l’occurrence, on touche du doigt une activité de niche sans diplôme et sans CQP (Certificat de Qualification Professionnelle) d’où des problématiques d’accès à certaines commandes. « Il y a un problème avec la commande publique locale. Pourquoi part-elle sur Rouen ? », explique Sylvie Marez.